REPÈRES HISTORIQUES
Depuis le XVIe siècle, les relations qui unissent la France et le Brésil ne cessent de fluctuer, les deux nations s’influençant tour à tour sur des domaines variés.
La frontière commune de la Guyane avec ces 850 kilomètres n’est pas étrangère à ces échanges fructueux. Le pont de l’Oyapock relie la ville de Saint-Georges-de-l’Oyapock en Guyane Française et la ville brésilienne d’Oiapoque en Amapá. Il se nomme ainsi car il franchit la frontière entre le Brésil et la France sur le fleuve Oyapock. Sa construction s’est achevée en 2011 et sa mise en service fut inaugurée au début de l’année 2017.
Le Brésil a toujours, dès sa découverte, été inondé des lumières de la France qui a alimenté par ses idées et sa force culturelle le mouvement de révolution contre l’esclavage. Mais le Brésil a su lui aussi inspirer par son folklore les intellectuels français.
Des Tentatives de Colonisation Française au Brésil
Tout a commencé par un rêve un peu fou, celui d’implanter une colonie française à Rio de Janeiro : La France Antarctique. Depuis la découverte du nouveau monde, les français ont toujours effleuré le pays par quelques enclaves. Le roi François 1er ne consentait pas à ce que le Brésil soit sous la totale domination portugaise. Il comptait bien s’implanter au Brésil et la première expédition officielle fut lancée en 1523. C’est l’expédition de Villagnon qui marqua un tournant dans l’histoire entre la France et le Brésil. La colonie ne perdura que de 1555 à 1560, se liant avec les tribus locales avant d’être finalement entrainée dans des conflits avec les portugais et les natifs brésiliens. Cet épisode de l’histoire marque les esprits, les débats sur le sujet furent légion et cette expérience influença et influence toujours de nombreux auteurs et penseurs des deux côtés de la frontière. Deux compagnons de Villagnon, Thévet et Léry, ont été les premiers à relater des témoignages de la culture des tribus du Brésil, repris ensuite par Montaigne et Diderot. La France, par ses interventions toujours affables, a su servir de pilier à la culture brésilienne, lui permettant en un sens de mieux se connaître.
D’autres tentatives de colonisation ont ensuite été réalisées au XVIIe siècle. Une ville fut fondée, « Saint-Louis », renommée plus tard São Luís, et représente la seule capitale d’Etat du Brésil qui n’a pas été construite par les portugais ou les brésiliens. A cette époque, des brésiliens sont invités en France à des réceptions. C’est à cette occasion que Montaigne, déjà très inspiré par les écrits de la France Antarctique, a fait la connaissance de brésiliens, ce qui se retrouva dans certains de ses ouvrages.
L’Indépendance, Mariages Princiers et l’Abolition de l’Esclavage
Le Brésil a obtenu son indépendance en 1825 sous l’impulsion de Pierre Ier du Brésil. La France fut l’un des premiers pays à reconnaitre cette Indépendance et le peintre français Jean-Baptiste Debret a prêté son pinceau pour dessiner le premier drapeau du Brésil indépendant.
La France et le Brésil ont aussi connu des mariages princiers. En 1864, la princesse Isabelle do Brasil (la petite fille de Pierre Ier du Brésil) épouse le prince français Gaston d’Orléans, comte d’Eu. Ce dernier participe d’ailleurs à la guerre contre le Paraguay qui a lieu cette même année et finit par commander l’armée brésilienne durant les victoires de Peribebui et de Campo Grande.
De son côté, Isabelle a tout mis en œuvre pour abolir l’esclavage et y est parvenue en 1888 au prix de son exil et de celui de sa famille l’année suivante suite à l’effondrement de la monarchie brésilienne. Ils ont alors vécu une vie paisible dans le château familial d’Eu, en Normandie, au sein duquel Isabelle a créé une ambassade informelle du Brésil et recevait les Brésiliens de passage.
Le Brésil Participe à la Seconde Guerre Mondiale
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, le Brésil a brisé sa neutralité pour rejoindre les armées des Alliés face aux puissances de l’Axe. Ce fut la seule nation d’Amérique Latine à prendre part au conflit. Ainsi la Force expéditionnaire brésilienne (Força Expedicionària Brasileira ou FEB), composée de 23 500 soldats de l’armée de l’air, de terre et de la Marine, partit combattre au sein de la 5e armée britannique sur le front italien et participa à la défense et à la victoire des Alliés. Au cours des huit mois de campagne, 443 d’entre eux furent tués au combat. Le général Clark de la 5e armée britannique leur rendit hommage dans ses Mémoires en ces termes : « les Brésiliens ne se plaignirent jamais et voulurent toujours porter leur part de nos fardeaux. »
Dans l’Actualité
De nos jours, un partenariat stratégique a été lancé entre la France et le Brésil en 2006 avec l’élaboration d’un plan d’action et la signature de nombreux accords.
Le Brésil est le premier collaborateur de la France en matière de recherche et d’innovation technologique. Dans ce domaine scientifique, la France est également le 2e partenaire privilégié du Brésil.
En outre, dès les années 30, des personnalités influentes telles que Claude Lévi-Strauss ont tissé des liens universitaires très forts. Les français ont ainsi participé à la fondation de l’Université de São Paulo, aujourd’hui première université d’Amérique latine où se mêlent des érudits français et brésiliens.
Le Brésil accueille énormément d’élèves français et les échanges entre éditeurs et écrivains est très riche.
Près de 30 000 Français résident au Brésil et environ 1 million des Brésiliens sont des descendants de Français. Il existe également 30 grandes entreprises françaises implantées au Brésil.
REPÈRES CULTURELS
Le premier texte français inspiré du Brésil date de 1823.
On peut surtout citer à cette période Jules Verne qui situa en 1881 son roman La jangada en Amazonie et l’estampilla du sceau fort de l’imaginaire dont il avait le secret tout en s’inscrivant dans les débats qui avaient cours en son temps, relatant notamment l’esclavage du Brésil et les conflits frontaliers concernant la Guyane. Il avait eu contact quelques années plus tôt avec le comte d’Eu, époux de la princesse du Brésil.
Autre auteur célèbre, Victor Hugo, évoqua assez tardivement dans son œuvre les terres du Brésil. Mais il est intéressant de le nommer ici car ses écrits ont eu un impact important de l’autre côté de la frontière. Très prisé des intellectuels, ces textes sont traduits et débattus durant le XIXe siècle.
A cette époque, Paris représentait un idéal pour les brésiliens avec ses effluves de révolution. Victor Hugo, par sa verve et son engagement social et politique en devenait l’emblème par excellence. Ses écrits ont souvent été adaptés ou commémorés, encore aujourd’hui. Il est pour les brésiliens le symbole de la pensée humaniste.
A côté de l’échange et la coopération scientifique et culturelle, les deux pays partagent également la particularité d’être les plus grands pays de culture chrétienne catholique sur leurs continents respectifs.